Vestiges

Report photographique, acrylique et/ou huile sur toile

Vestiges

L’accumulation de détritus est la Vanité des temps industriels. Comme la « Vanité » en peinture rassemble hyperboliquement les signes de la fuite du temps, la friche constitue notre métaphysique des ruines : elle nous donne le sens de l’éphémère des entreprises humaines, des œuvres fragiles par lesquelles l’homme croit pouvoir dominer le monde et échapper à sa mortelle condition.

Il y a pour nous une poésie du pan de mur gris, du robinet qui suinte sur une improbable baignoire, des grues abandonnées à leur ultime inclinaison, des usines éventrées, comme il y avait une poésie des ruines de la fin du dix-septième siècle au début du dix-neuvième. Le temps érode, vert-de-grise, rouille, dore les matériaux industriels, leur donnant la beauté fascinante du bizarre. La décharge opère des rapprochements incongrus, ultime figure d’une rhétorique de la catastrophe, de l’écroulement, de l’obsolescence. Le peintre qui recycle ces matériaux imaginaires dans son œuvre n’est ni le dénonciateur – le propos est bien banal – ni le complice d’une société du risque industriel. Il donne à voir et par là à penser. Il réenchante le monde qui nous entoure à sa manière, laissant au politique la tâche de le changer.